Depuis 1925, l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev) est l’association professionnelle représentative de la filière évènementielle en France. Touché de plein fouet par la crise sanitaire, le secteur va poursuivre sa réinvention selon Anthony Fauré, directeur marketing et innovation.
Pouvez-vous nous présenter les missions de l’Unimev ?
Notre association regroupe environ 400 entreprises adhérentes. Il existe plusieurs typologies d’acteurs : les gestionnaires de lieux événementiels, les organisateurs, les agences de design d’espace et de stand et les prestataires de service. Parmi ses missions, Unimev observe les tendances du secteur à tous les niveaux et met la prospective au cœur de ses travaux. En parallèle, nous avons également un rôle fondamental de défense des intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics. Point important : la filière événementielle s’apprécie au regard de l’effet d’entrainement qu’elle produit sur la totalité du fonctionnement des entreprises, communautés et territoires de notre pays.
« 15 milliards d’euros d’activité en moins sur la période actuelle »
Les règles de distanciation sociale affectent fortement le monde de l’évènementiel ?
Notre secteur a été touché en premier par sa nature même. Les décrets ont limité le nombre de participants aux rassemblements jusqu’à entraîner des annulations pures et simples. Le principe de précaution sanitaire s’est appliqué tôt et nous le comprenons. Mais derrière, il y a des emplois. C’est une chaîne de valeur qui est menacée : le maillon des entreprises événementielles bien sûr, mais aussi celui de l’industrie touristique et enfin le maillon des filières économiques qui génèrent du business grâce à l’événement. Notre enjeu est de permettre à cette chaine de se reconstruire et de se solidifier afin d’avoir un rôle de catalyseur de la relance de l’économie française.
Le secteur connait de graves difficultés ?
Les chiffres que nous avons communiqué au gouvernement parlent de 15 milliards d’euros d’activité en moins sur la période actuelle. De plus, notre secteur est atomisé et compte beaucoup de TPE, PME, freelances. Les difficultés peuvent s’aggraver car nous risquons d’être le dernier secteur à pouvoir réexercer normalement son activité. Même quand la reprise sera là, des entreprises seront tentées de réduire certains budgets dont ceux alloués au marketing et à la communication. En coupant la ligne « opération événementielle » dans un budget, on se prive d’opportunités de business directes.
« Les évènements doivent être au service de la relance de l’économie »
En tant que directeur marketing et innovation, vous préparez l’avenir malgré tout ?
Chaque crise accélère les mutations. Digitalisation, évolution des formats, durabilité, expérience des publics, nouveaux modèles économiques sont autant de sujets que nous portons chez Unimev depuis plusieurs années. En réalité, nous questionnons le rôle et la valeur ajoutée de l’intermédiaire. L’apport fondamental des entreprises événementielles reste de « connecter » des individus, entreprises et territoires entre eux par le design de la rencontre. Plus que jamais, cette valeur ajoutée doit être en phase avec les besoins et attentes des publics et partenaires.
Il existe donc des lueurs d’espoir ?
Bien sûr car le potentiel de cette filière est immense. Les évènements doivent être au service de la relance de l’économie comme de la transformation des industries et de notre art de vivre. Nous sommes des lieux d’expérimentations, des incubateurs d’avenir, des lieux de sciences et savoirs. A tous ceux qui travaillent la matière événementielle de pouvoir montrer leur apport sociétal autre qu’économique. Et à Unimev d’être au rendez-vous, par ses outils et écosystèmes animés, de ces enjeux d’accompagnement.
Propos recueillis par Adrien Ares