Adrien Le Roy

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Adrien Le Roy

Business Development Manager de Yomoni - Secteur Autres sociétés financières

Depuis mai 2015, Adrien le Roy pilote le développement de Yomoni, un service de gestion d’épargne en ligne à destination des particuliers. Après une levée de fonds de 3,5 millions d’euros, la jeune société espère démocratiser le phénomène FinTech tout en changeant l’image de la gestion de fortune.

NN : En quoi Yomoni diffère-t-il d’un gestionnaire de fortune classique ? ALR : L’idée est d’offrir à tous les épargnants français, dès 1000 euros d’épargne, des services de gestions qui étaient jusque là réservés aux plus fortunés. Les Français épargnent beaucoup, mais l’allocation d’actif de l’épargnant moyen est loin d’être optimale et peut facilement être améliorée. Pour cela nous proposons en ligne des portefeuilles à moindre coût, en utilisant des ETF, des fonds très diversifiants et 10 fois moins chers que les fonds traditionnels. Avec une démarche pédagogique, nous espérons restaurer la confiance des français dans la gestion d’épargne. Pour vous donner un exemple de pédagogie et de transparence, nous intégrons dès le départ le prix des actifs qui vont composer le portefeuille de nos clients et qui représente chez nous 0,3%. Nous sommes les seuls à intégrer ce prix. Chez nos concurrents, ce coût n’est jamais montré alors qu’il représente souvent plus de 1,5% à l’arrivée. Nous nous distinguons également par notre clientèle. Nous sommes un service en ligne, accessible pour des investissements peu élevés, et nous visons une clientèle relativement jeune, habituée au digital et aux services en ligne. Mais nous souhaitons bien sûr que notre service se démocratise au maximum. Nos solutions s’adressent à tous ceux qui ne souhaitent plus faire dormir leur argent sur un livret A.   NN : L’aspect technologique participe aussi de cette différence… ALR : Oui, comme pour toute entreprise digitale, la technologie est au service de l’expérience client. L’ensemble de nos services sont accessibles en ligne, aussi bien sur ordinateur que sur mobile. Nos clients ont accès à un compte à partir duquel ils peuvent, à tout moment et gratuitement, regarder l’évolution de leur épargne, le montant des frais qu’ils ont payés, changer leur profil d’investisseur, retirer ou déposer des fonds. Le traitement de données nous sert également, notamment au moment de la définition des profils d’investisseur. Quand un client arrive chez Yomoni, nous allons l’accompagner pour savoir quel profil lui correspond, à travers un questionnaire que nous avons construit avec des personnes du monde académique. Il comporte des questions traditionnelles destinées à mieux connaître la personne et son patrimoine, et d’autres questions qui servent à mesurer son aversion au risque. Après avoir traité les réponses, nous sommes capables de donner une vision assez fine du profil investisseur de la personne. La technologie intervient enfin sur l’automatisation, si la composition des portefeuilles est pilotée par nos équipes, le passage des ordres, le « rebalancement », se font de manière automatisée.   NN : Yomoni a réuni 3,5 millions d’euros en juin dernier, quels sont les axes de développement prioritaires derrière cette levée de fonds ?  ALR : La levée qui a eu lieu en juin dernier va servir d’abord à l’acquisition client. En plus des canaux d’acquisition traditionnels, nous allons beaucoup tester, essayer les idées de chacun, de façon à voir ce qui peut fonctionner pour le développement de notre activité. Le deuxième axe va être l’amélioration continue de l’expérience client : nous allons travailler sur la qualité et la réactivité du service client, sur les fonctionnalités que nous proposons, sur l’ergonomie du site et du compte client, etc. Nous allons également élargir notre offre. Aujourd’hui nous proposons uniquement d’investir en assurance vie mais d’ici la fin de l’année nous voulons lancer une offre qui permet de supporter les comptes titres. Notre métier reste le même : faire de la gestion mais nous pourrons alors répondre aux mieux à tous les besoins de nos clients.   NN : Quels sont les différents profils au sein de l’équipe ? ALR : Il y a la partie investissement, avec exclusivement des profils financiers, dont un des fondateurs Mourtaza Asad-Syed qui a notamment géré par le passé l’allocation d’actif de la Banque Privée Société Générale dans le monde. Il pilote avec son équipe l’allocation d’actifs de nos portefeuilles. Pour la partie « opérations », qui veille sur le bon fonctionnement du site, l’ouverture des dossiers de nos clients et la qualité du service, les profils sont plus divers : anciens consultants, profils techniques ou encore spécialistes de la relation client. Enfin, la partie marketing et développement est constituée de profils plus digitaux. J’ai moi même été formé à HEC au développement de business digitaux et j’ai participé à plusieurs aventures entrepreneuriales. J’ai également un fort attrait pour les sujets financiers d’où mon souhait de rejoindre une FinTech.   NN : Quel est votre rôle au sein de Yomoni ? ALR : Je suis en charge du développement de l’activité par tous les canaux qui ne sont pas purement en ligne. Cela regroupe des sujets comme la mise en place de partenariats, de réseaux de distribution, la participation à des conférences, le développement de la visibilité de Yomoni aussi bien dans les écosystèmes start-up, FinTech que finance. Un autre aspect du poste est d’aller présenter en direct notre produit à un maximum de clients potentiels. Il y a une composante « électron libre » dans ma mission consistant à mettre en place toute action qui semble pertinente au développement de l’activité.   NN : Comment envisagez-vous le développement de la FinTech dans les années à venir ? ALR : Aujourd’hui nous sommes arrivés à un point d’inflexion ou l’on voit bien, par les levées de fonds, l’augmentation du nombre d’acteurs que l’usage des FinTechs est en train de grandir. L’enjeu pour les années à venir est de réussir à démocratiser cette pratique. Ne plus avoir des services qui sont utilisés par une poignée d’Early adopters, mais par absolument n’importe qui. L’assouplissement des règles en matière de finance sera déterminant pour le développement des FinTechs. L’émergence de champions nationaux en France sur le secteur de la finance et en particulier de la gestion d’épargne nécessite de travailler main dans la main avec le régulateur, comme cela a pu être fait dans le domaine du crowdfunding. Enfin se pose la question de la réaction des grandes banques et des acteurs traditionnels du monde de la finance face au phénomène. Mais je ne suis pas inquiet pour la survie des start-up étant donné que sur le secteur ce sont l’agilité et la réactivité qui priment.   NN : Un développement à l’international est-il à l’ordre du jour ? Pas dans l’immédiat. Aujourd’hui la priorité est de se lancer sur le marché français en se concentrant sur la qualité du service. La simplification dans un domaine aussi réglementé que la finance est quelque chose qui prend du temps, pareil pour la confiance, qui, quand on parle d’argent, met du temps à s’instaurer. De plus, l’internationalisation est extrêmement compliquée à cause encore une fois de la régulation. Vous avez beau créer tout un service dans un pays, si vous souhaitez rendre ce même service chez le voisin, il faut reprendre à zéro pour s’adapter à la législation.   Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr