Chez Thalys, Agnès Ogier prend à 48 ans son premier poste de direction générale. Cette ancienne directrice marketing est chargée d’accompagner la prise d’indépendance de la société ferroviaire européenne. Elle doit également penser la stratégie de l’entreprise face à la concurrence de nouveaux modes de transport.
Directrice générale, un nouveau défi pour Agnès Ogier
La nouvelle CEO de Thalys a désormais sous sa responsabilité l’ensemble de l’entreprise, une première et un défi pour cette ancienne directrice marketing chez SFR et à la SNCF. Un poste forcément plus compliqué : « mais qui permet d’avoir une cohérence totale dans la stratégie et sa mise en œuvre ». Elle qui dans ses fonctions précédentes a parfois dû s’arranger des incohérences de ce qu’elle appelle malicieusement « la matrice », se satisfait d’avoir désormais tous les leviers. Mais si elle est aux commandes, elle préfère relativiser en pointant la nécessité de coopérer et d’écouter dans ce type de poste : « un aspect du métier qui me plaît » assure-t-elle.
Accompagner l’indépendance de Thalys
Accompagner la prise d’autonomie de Thalys par rapport à ses actionnaires historiques, la SNCF et la SNCB (Belgique) est la première mission d’Agnès Ogier. Indépendante depuis le 31 mars dernier, Thalys a désormais le statut d’entreprise ferroviaire : « on devient une vraie entreprise avec un chiffre d’affaires propre, des budgets à piloter et à mettre en adéquation avec notre vision stratégique. ». Cette nouvelle indépendance de Thalys est aussi une réunion de tous les personnels de l’entreprise sous une seule bannière : « là où on empruntait les salariés de nos actionnaires pour partie de leur temps, ils font désormais partie de la famille Thalys ». Si ce projet est enthousiasmant, Agnès Ogier souligne la difficulté de mener à bien une telle transition tout en assurant les missions habituelles de l’entreprise. « D’une part il y a un projet lié au nouveau statut avec des étapes qui sont à la fois juridique, financière, RH et à côté de ça la vie continue, on a des trains qui roulent, du business à faire, une régularité à tenir » résume-t-elle.
L’innovation chez Thalys : garder une longueur d’avance
Autre défi pour la nouvelle CEO de Thalys, développer la capacité d’innovation de l’entreprise pour conserver son statut de leader. L’opérateur ferroviaire ne doit pas manquer le virage du digital s’il veut faire face à la concurrence, d’ici peu sur le secteur ferroviaire et dès maintenant sur l’intermodale. « II y a l’émergence des compagnies aériennes low cost mais également de nouveaux modes de consommation à prendre en compte, notamment le covoiturage. Mais ce n’est pas forcément mauvais pour nous car ces nouvelles pratiques font de la mobilité une forme d’exigence». Agnès Ogier affiche également son enthousiasme sur les débouchés offerts par la digitalisation : « la dématérialisation, par exemple, donnent des opportunités phénoménales dans l’amélioration du contact direct avec le client ». Mais elle reste consciente que lorsque la capacité à innover augmente, l’attente client fait de même : « il y a une parallélisation du possible et de l’attendu ». Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr