Alain Pons prend du galon au niveau mondial, en tant que conseil auprès du CEO dans le cadre du plan stratégique Deloitte 2020. Une occasion pour celui qui reste président de Deloitte France, de faire valoir le réseau et l’influence française en matière de conseil.
NN : Selon vous, pourquoi avez vous été choisi pour occuper le poste de directeur général adjoint de Deloitte Touche Tohmatsu Limited ? AP : J’ai été nommé à ce poste par Punit Renjen, le nouveau CEO mondial car il y a cette volonté chez Deloitte, qui est un réseau mondial, de développer une stratégie multiculturelle. Il s’agit de trouver un équilibre en matière d’influence parmi les différentes composantes et c’est, je pense, ce qui est recherché à travers ma nomination. Il n’y a pas que les clients américains qui comptent. En tant que Français dans un monde anglo-saxon, je fais valoir une vision différente du monde que nous, Français, avons la capacité à développer. Nous avons des réseaux parallèles à ceux des Anglo-Saxons, ce qui permet de mettre en place des services et des métiers différents. Ensuite, étant auditeur de formation, mon rôle est d’accompagner Punit Renjen, au niveau des métiers régulés : audit, qualité, taxe, ERS (enterprise risk services). Dans le cadre du plan stratégique Deloitte 2020, je dois diriger la mise en place des plateformes de services en appuyant les équipes des grands clients mondiaux. Je suis également en charge de l’amélioration des relations entre les firmes membres du réseau, ce que l’on nomme hypercollaboration. NN : Pouvez-vous nous dessiner les contours de ce plan Deloitte 2020 ? AP : Il se fait sur plusieurs axes. Au niveau géographique, avec toujours pour volonté de casser ce tropisme anglo-saxon et de nous développer sur les marchés émergents comme la zone Asie-Pacifique et l’Afrique. Voire en Europe où il reste une marge de progression, pour notre activité Consulting notamment. Cette extension de nos territoires passe par le recrutement et la formation des meilleurs talents à travers le monde, en gardant ce niveau de sélectivité que nous avons aujourd’hui, avec un ratio de 60 000 recrutements par an pour près de 3 millions de candidatures. Pour nos activités fiscales et d’audit, nous consentons des investissements extrêmement lourds en matière de technologies data analytics, avec la mise en place d’outils experts pour accompagner cette évolution chez nos clients. C’est déterminant notamment pour l’audit où la nouvelle directive européenne, qui limite désormais les mandats d’audit à 10 ans, va entraîner une redistribution des cartes. Nous sommes également attentifs aux secteurs d’avenir comme l’ERS, une zone de services qui est en train de se développer énormément. L’objectif est d’avoir un leadership en matière de cybersécurité. Sur l’ensemble des services en matière d’identification, de contrôle et de gestion des risques. Le développement technologique est en train de déformer les business models. Il y a une explosion de nouveaux risques , aussi un tiers de confiance comme Deloitte, qui facilite la transformation et la croissance des organisations, a toute sa place. On retrouve ce même schéma dans le secteur du conseil financier, c’est pourquoi nous développons notre service de gestion des crises financières. NN : Que représente cette nomination pour Deloitte France ? AP : C’est une reconnaissance de sa capacité d’influence : ma nomination illustre bien le fait que même si la France ne représente que 3,5% des activités du réseau, son influence est en réalité beaucoup plus grande. C’est lié à l’importance des entreprises françaises à l’étranger et à la capacité d’innovation de nos start-up. Les grandes sociétés françaises qui sont nos clients ont développé depuis des années tout un réseau à l’international. Elles sont françaises pour 15% de leur base, et internationales pour 85%. Nous avons donc une influence dans le réseau plus importante que le simple poids de notre organisation en France. C’est également le cas au niveau des jeunes sociétés que nous accompagnons dans les secteurs innovants. Leur créativité est reconnue et, grâce à la révolution digitale qui permet de se développer sur n’importe quel territoire, elles se développent souvent très rapidement à l’international, et plus seulement en Europe. Pour ce qui est de l’influence directe sur le cabinet, je pense que ma nomination a un impact assez fort sur nos capacités de développement. Pouvoir bénéficier des ressources du réseau en matière de moyens humains et financiers est un formidable accélérateur de croissance et de développement pour Deloitte France, pour nos activités Advisory et Consulting notamment. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr