Suite à la fusion entre DTZ et Cushman & Wakefield, conclue en septembre 2015, Antoine Derville, précédemment président France de DTZ, a pris la tête du nouvel ensemble pour l’hexagone. Il revient pour nous sur les enjeux de cette fusion mais également sur l’avenir du « nouveau » Cushman & Wakefield.
NN : Pouvez-vous nous détailler cette fusion qui vous a mené de la présidence de DTZ à celle de Cushman & Wakefield France ? AD : La fusion est mondiale. DTZ a été racheté en 2014 par le fonds de private equity Texas Pacific Group. Dans la foulée, il a fait l’acquisition de la société américaine Cassidy Turley, avant de racheter Cushman & Wakefield en septembre dernier. Aujourd’hui, notre groupe se déploie sous la marque unique Cushman & Wakefield et réalise à peu près 5 milliards et demi de chiffre d’affaires. Ce qui le classe parmi les trois leaders mondiaux, avec CBRE et Jones Lang Lasalle. Cette fusion obéissait à l’envie de concentration de notre business, avec l’objectif pour nous de faire partie des quelques leaders émergents. En France, avant la fusion, Cushman & Wakefield et DTZ étaient de dimensions comparables. Nous avons donc doublé de taille pour nous retrouver parmi les 4 leaders français. Les trois leaders mondiaux auxquels il faut ajouter BNP Paribas Real Estate. La fusion est bénéfique pour nous mais également pour nos clients qui sont heureux d’avoir une alternative aux 3 références habituelles. Nous sommes désormais présents dans le monde entier et sur tous les métiers, avec une taille critique, nous permettant de nous positionner sur des missions pour lesquelles nous n’étions pas sollicités auparavant. NN : Où en est la fusion aujourd’hui ? AD : Nos équipes se sont regroupées physiquement, il y a une quinzaine de jours, sur 2 sites stratégiques en Ile-de-France. Un rue Balzac à Paris et un sur la tour Opus 12 à La Défense qui comptent chacun 200 personnes sur place. A la demande de notre actionnaire, nous allons continuer à nous développer. A la fois en interne, avec une vingtaine de recrutements en cours mais aussi par des actions de croissance externe. Nous sommes d’ailleurs en train d’étudier certaines pistes de rachats, notamment sur nos métiers de services et du conseil. NN : Quels sont les principaux défis de ce passage de DTZ vers Cushman & Wakefield ? AD : Le premier défi est évidemment de réussir la fusion, de réunir les gens, pour qu’ils apprennent à se connaître et à travailler ensemble. Ensuite, nous voulons conserver notre dynamique de croissance. Cushman & Wakefield, comme DTZ, était sur la pente ascendante avant la fusion. Nous réunissons donc 2 entreprises en bonne santé, mais il faut continuer à porter cette croissance en faisant jouer à plein les synergies de nos métiers. Nous souhaitons également profiter de la fusion pour faire évoluer notre organisation du travail. Nous voulons créer un environnement favorable tout en l’adaptant aux méthodes de travail de demain. Dans nos nouveaux locaux, nous avons d’ailleurs installé de grandes zones ,d’espaces collaboratifs où nos collaborateurs peuvent travailler ensemble en mode projet. Dans cette nouvelle façon de fonctionner, il n’y a plus de poste affecté. Désormais, le bureau c’est l’ordinateur portable et autre smartphone, qui nous permettent grâce aux outils collaboratifs de travailler en mode nomade et connecté. Les sujets centraux de ces 3 prochaines années vont donc être la transformation des modes de travail et la transition numérique. NN : Comment se manifeste cette importance accordée à l’innovation au sein de Cushman & Wakefield ? AD : Nous voulons donner la parole à tout le monde sur ce sujet, notamment en étant à l’écoute des nouvelles générations.L’objectif est de rentrer dans un processus d’amélioration continue. Car l’innovation n’est pas uniquement technologique, elle peut porter sur une offre de services ou se trouver dans la réponse à un nouveau besoin exprimé. En tout cas nous devons accélérer dans ce domaine, l’innovation doit devenir plus fréquente, occuper une place centrale dans notre organisation. Par exemple, le monde financier et bancaire va évoluer comme jamais dans les 3 prochaines années. Il faudra répondre à ses attentes. Si l’on veut rester leader sur un marché, Il faut sans cesse être en veille, apporter de la différenciation et les bonnes réponses aux questions de ses clients. NN : Quels sont les objectifs du nouveau Cushman & Wakefield, à moyen terme ? AD : Notre objectif d’ici 2 à 3 ans est d’atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, hors croissance externe. Pour cela, nous allons fortement développer nos business actuels. Il y a encore de la place pour prendre des parts de marché dans les secteurs de la transaction et des services notamment. Dans l’ensemble, nous possédons des poches de croissance dans beaucoup de nos métiers actuels. La concentration en cours au sein de notre secteur d’activité rendra les acteurs majeurs encore plus importants. Le but est de profiter de ce mouvement là. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr