Déléguée générale de la Fédération française de la franchise depuis 1985, Chantal Zimmer nous explique le succès croissant de ce mode de commercialisation qui, après une croissance de 50% sur les dix dernières années, représente aujourd’hui en France 450 000 emplois pour 53 milliards de chiffre d’affaires.
NN : Comment expliquez-vous le succès de la franchise ?
CZ : On commence à comprendre en France que le salariat n’est pas une fin en soi et que la création d’entreprise peut être une façon de donner du sens à sa vie professionnelle. Mais lancer son entreprise n’est pas facile et la franchise permet d’être accompagné, d’avoir accès à des outils et à un savoir-faire tout en restant indépendant.
Sur un marché de l’emploi instable, elle constitue un formidable moyen de reconversion professionnelle. Car le pilier de la franchise c’est la formation, avec à disposition des professionnels aguerris qui vous apprennent toutes les ficelles du métier et avec lesquels vous conservez un échange permanent.
NN : Cela tient aussi à la solidité du modèle de franchise….
CZ : Oui, nos études depuis 2008 montrent que la franchise résiste mieux à la crise. D’abord car elle est une alliance entre des chefs d’entreprises. Cela crée une synergie entre franchiseur et franchisé que l’on ne retrouve pas forcément dans une relation employeur / salarié. Les franchisés sont plus attachés à leur commerce et n’hésitent pas à prendre des risques : à réduire les coûts, à réinvestir en communication…
Dans une économie difficile la franchise mène une bataille en rangs serrés. Avec des responsabilités clairement définies : le franchiseur qui voit sur le long terme, qui est l’initiateur du réseau et le responsable de sa stratégie et le franchisé qui est lui sur le court terme, dans ce rôle d’ambassadeur auprès du client.
NN : Comment franchiseurs et franchisés interagissent-ils ?
CZ : Cela dépend des réseaux et de leur maturité. Animer un réseau de franchise est une mission complexe. La relation évolue avec le temps, elle cesse d’être uniquement descendante pour devenir un échange, avec le franchisé qui fait remonter des informations vers le franchiseur qui va les centraliser et les diffuser à l’ensemble du réseau. C’est aussi ça qui fait la richesse du système, cette intelligence collective permanente.
Mais il appartient au franchiseur d’organiser tout ca et c’est un vrai métier. Quand vous avez un réseau qui a trente ans d’âge, il vous faut accompagner les nouveaux arrivants, tout en gardant le contact avec vos membres historiques. Cela peut passer par des réunions thématiques, voir des associations de franchisés. Chaque réseau de franchise a également des animateurs de réseau qui passent régulièrement chez les franchisés et permettent de maintenir un lien.
NN : Quels sont les secteurs sur lesquels la franchise est particulièrement dynamique ?
CZ : Il y a deux grandes catégories de franchise : la franchise de distribution, là ou le franchisé vend un produit : des parfums, des chocolats ou des fleurs et la franchise de service comme l’hôtellerie, la restauration, les services aux personnes… Actuellement c’est à peu près du 50/50, mais la croissance des franchises de service sur les dix dernières années est bien plus importante. Ce n’est d’ailleurs pas un phénomène propre à la franchise, c’est simplement lié à l’évolution de notre manière de consommer. A la multiplication des services que ce soit pour les personnes ou les entreprises.
NN : Quel avenir voyez-vous pour la franchise ?
CZ : La chance de la franchise est d’être en phase avec les grandes évolutions sociaux-économiques de notre époque, que ce soit l’éclatement du marché de l’emploi ou l’évolution des modes de consommation. Nous avons aujourd’hui un consommateur hyper exigeant et informé, qui veut en face de lui des commerçants très professionnels. La franchise permet cela par la formation continue et les outils qu’elle procure à son franchisé.
En effet le franchiseur a l’obligation d’apporter un savoir-faire qui procure un avantage économique à son franchisé. Ce qui veut dire qu’il lui faut en permanence investir en R&D, mettre à disposition de nouveaux outils de communication, de merchandising et une force d’achat qui permettent aux petits commerçants que sont les franchisés de faire face à une concurrence toujours plus vive.
Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr