Eric Garnier, directeur général de Zee Agency depuis septembre 2016, accompagne la transformation de son entreprise en agence de communication intégrée. Une croissance qu’il veut mener à bien en conservant l’ADN digital et l’état d‘esprit de l’agence.
NN : Quelle est l’histoire de Zee Agency ? EG : Zee Agency est une agence de communication intégrée dont les racines sont digitales. A nos débuts, il y a une dizaine d’années, nous étions une agence digitale, avec une production internalisée. Depuis 2 ans, nous avons ajouté à cela des compétences de brand content, de stratégie et de conseil. Aujourd’hui, nous pouvons accueillir une marque et créer toute sa communication. NN : Votre nomination s’inscrit dans cette nouvelle logique d’agence intégrée ? EG : Au delà du digital qui est aussi bien une passion que la base de mon métier, j’ai toujours observé la communication des marques comme un tout. Ayant travaillé chez McCann Paris, j’ai aussi pu observer et me nourrir de cette culture de « communication globale ». C’est cette envie et ces compétences transverses qui, je l’espère, me permettront de porter cette dynamique pour l’agence. Mes associés vont contribuer au développement d’autres entités ou pure player et restent évidemment impliqués dans les décisions stratégiques de l’agence. L’idée est de concentrer nos forces là où nous sommes les plus motivés et compétents, et ainsi tirer profit de notre complémentarité, ma nomination s’inscrit donc dans cette nouvelle logique. NN : Quelle est la différence avec une agence intégrée qui s’oriente vers le digital ? EG : Il est plus facile de venir du digital et de devenir généraliste que l’inverse. Les grosses agences essayent bien d’internaliser le digital ou de racheter des spécialistes du domaine, mais acquérir une culture web lorsque l’on vient du monde publicitaire est assez compliqué. Le chemin se fait plus naturellement dans l’autre sens. Aujourd’hui les usages sont principalement digitaux, les gens utilisent leurs smartphones, leurs tablettes ou leurs ordinateurs en permanence. Nous connaissons ces usages et il est donc plus facile de mettre en place une stratégie de communication. NN : Quels sont les nouveaux objectifs de l’agence avec votre prise de poste ? EG : De passer de projets one shot, comme des créations de sites ou d’applications, qui en règle générale vont durer entre 2 et 4 mois, vers un véritable partenariat avec les marques. Avec un impact réel sur leur communication et un accompagnement dans la durée. Nous le faisons déjà avec quelques annonceurs aujourd’hui, le but va être de doubler ce nombre dès 2017. NN : Quel sont vos dossiers prioritaires en tant que directeur général ? EG : Il y aura une continuité sur les projets que je suivais en tant que directeur associé. Je vais me concentrer tout particulièrement sur notre organisation interne, pour faire en sorte que tous les pôles travaillent bien ensemble. Nous sommes une trentaine à Paris, avec également une entité média de 5 personnes à Strasbourg et il faut faire travailler tous ces profils différents ensemble. Pour moi c’est le plus gros challenge, puisque c’est la clé du succès. Nous sommes une agence indépendante, avec l’ensemble de nos ressources en interne, le management est donc un aspect très important. NN : Comment imaginez-vous Zee Agency d’ici 3 ans, quel serait le travail accompli ? EG : J’aimerais que nous réussissions à grandir en conservant nos valeurs. J’ai vu dans le passé pas mal d’agences perdre leur état d’esprit initial en se développant. Je veux croire qu’il est possible de conserver une bonne ambiance et une qualité de vie au travail, en étant plus nombreux. De conserver cette liberté et ce plaisir au quotidien, au-delà du chiffre d’affaires. NN : Cet état d’esprit est également un moteur de la réussite ? EG : La cohésion doit rester forte, car cela se ressent sur la fluidité dans le développement des projets. Beaucoup de nos collaborateurs sont venus chez nous car ils ont été déçus du côté trop politique de grands groupes. Donc grandir est un objectif mais cette indépendance et cette fraîcheur sont des atouts qu’il faut conserver. NN : Cette transparence revendiquée constitue un élément important pour vos clients ? EG : Oui, nous leur montrons la cuisine et c’est une dimension humaine qui leur plait. J’ai vu des agences où les personnes qui venaient aux réunions n’étaient pas celles qui réalisaient le travail in fine, ce n’est pas notre philosophie. Nous envisageons la relation avec les annonceurs comme un partenariat. Nos clients sont aussi responsables de la croissance de notre agence. Je n’aime pas la notion de prestataire, cet échange doit nous aider à grandir tous ensemble. Nous n’avons pas la science infuse et le fait de le dire, cette sincérité plaît au client. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr