Fondateur du Palais des Thés, François-Xavier Delmas se consacre désormais à la recherche de thé. Quand il ne déniche pas de grands crus sur les contreforts de l’Himalaya, il prend le temps de partager sa vision du Palais des Thés.
Quels sont vos défis en cours ?
Le grand défi sur le long terme c’est de transmettre le goût du thé aux Français. Une comparaison illustre bien le phénomène : un Français consomme moins de 300 grammes de thé par an contre plus de 3 kilos pour un Irlandais. La consommation de thé premium, c’est l’éloge du temps long. Sa découverte ne se traduit pas immédiatement vers un acte de consommation et nos paniers moyens s’élèvent à une trentaine d’euros en moyenne. Notre croissance est régulière et nos bénéfices sont réinvestis pour continuer à croître. Ainsi, de nouvelles boutiques vont ouvrir, notamment du côté d’Arras.
Présentez-nous les spécificités de votre secteur ?
On aurait pu changer votre question par : comment survivre face à Unilever qui représente 70% du marché de thé en France ? Encore une fois, notre enjeu est de faire découvrir le thé à un large public. Cela passe par de la pédagogie, comme celle dispensée dans nos écoles du thé. Les consommateurs ne se rendent pas forcément compte que le thé en grande surface est hors de prix alors que nous proposons du Grand Yunnan Imperial à 10 euros les 100 grammes. Palais des Thés a un positionnement premium, sans faire des produits de luxe. Nous proposons des thés plus intéressants gustativement et meilleurs pour la terre.
Justement la RSE doit vous tenir à cœur ?
C’est comme la prose de Monsieur Jourdain : nous faisions de la RSE sans le savoir depuis le premier jour. Par exemple, nous avons toujours proposé du thé en vrac. Les sujets sociaux et environnementaux sont dans notre ADN et nos équipes sont très mobilisées sur le sujet. Cela se traduit par un plan d’économie de plastique ou de proposer un maximum de thé bio. Deux de nos ingénieurs agro sont actuellement dans une coopérative au Népal pour accompagner des fermiers dans l’obtention d’une certification AB. Une certification entraîne un cercle vertueux pour l’environnement, le producteur et le consommateur final. L’important, c’est que tout le monde s’y retrouve des plantations jusqu’à la tasse.
Investissez-vous également le champs B2B ?
Oui, depuis nos débuts également ! A l’origine, nous fournissions à petite échelle des restaurateurs et des hôteliers. Nous continuons à le faire notamment auprès de tables étoilées. Maintenant, nous fournissons également la chaîne hôtelière Accor, la première classe, la business et les salons Air France mais aussi certains Club Med, la Compagnie du Ponant ainsi que des palaces comme le Crillon ou le Lutetia. Et puis sur le volet professionnel, il y a nos revendeurs puisque sur notre centaine de boutiques en France, la moitié est en propre et l’autre en franchise. Un choix que nous jugeons harmonieux.
Propos recueillis par Adrien Ares