Après plus de vingt ans passés à gérer les finances des plus grands groupes de l’aéronautique et de l’aérospatial, Frank Le Rebeller nous parle de son poste de directeur général adjoint en charge des finances et du juridique qu’il occupe depuis janvier dernier au sein de DCNS.
NN : Comment envisagez-vous votre rôle de directeur financier ? FLR : Pour moi la finance doit être en relation étroite avec le projet industriel, elle a un rôle clé de transparence à jouer pour le développement et la rentabilité de l’entreprise. Des finances saines posent les fondations d’une société pérenne. Pour vous donner un exemple, lorsque j’ai rejoint le groupe MBDA en 2003, nous avons mis en œuvre un vaste plan de compétitivité qui a permis à la société de dégager un return of sales de plus de 10% sur ses six derniers exercices comptables. J’ai toujours eu à cœur, dans mes choix de carrière, d’être un acteur du développement des entreprises pour lesquelles je m’engageais. C’était le cas quand j’ai participé à la création du groupe EADS en tant que directeur financier de Matra Systems ou quand j’ai contribué à la mise en place du reporting et du plan quinquennal d’Airbus, au moment de sa refonte en 2001. Chez DCNS, dans ce nouveau rôle de directeur général adjoint, j’essaie encore et toujours de voir plus loin que le livre de comptes et d’être un élément majeur dans le succès du groupe et le développement de son projet. NN : Comment cela se matérialise-t-il chez DCNS ? FLR : Notre objectif est la « profitabilité », à savoir l’amélioration de la compétitivité et de la rentabilité de l’entreprise. Des performances accrues qui ne se limitent pas à une simple réduction des coûts, elles passent par l’amélioration des projets en termes de dépenses, de qualité et de tenue des délais. Pour arriver à ce résultat nous avons mis en place un devoir de early warning, permettant d’identifier les risques suffisamment tôt pour les traiter en amont. Une démarche essentielle pour permettre à des projets à long terme de tenir, voire d’excéder, leurs objectifs financiers. NN : Quels sont les projets que vous accompagnez ? FLR : Nous avons mis en place une réorganisation dessinée pour renforcer la maîtrise des coûts et des délais de nos programmes industriels, développer le groupe sur les marchés navals de défense à l’international et réussir notre diversification dans l’énergie. Pour coller à cette nouvelle ligne stratégique, l’entreprise a mis sur pied une direction industrielle chargée d’assurer la cohérence et l’efficacité des bureaux d’études, des équipes de production et de la supply chain. Une direction des programmes a également vue le jour afin d’assurer la performance calendaire, économique et technique des programmes dans le respect des engagements clients. L’objectif de la partie finance est d’accompagner cette logique d’efficacité et de rationalité en plaçant la logique économique et financière et donc notre direction au cœur de l’entreprise et de son fonctionnement. Notamment en systématisant les procédures de reporting financier, ce qui permet de développer une culture d’entreprise basée sur le respect absolu des coûts et des délais. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr