Débarqué en avril 2015 avec pour mission de développer les opérations Monde, Frédéric Joseph revient sur le développement de S4M, la cannibalisation du marché de la publicité en ligne par le mobile et sa découverte de l’univers Start-up.
NN : Pouvez-vous nous présenter S4M et sa technologie ? FJ : Nous sommes une start-up qui a pour vocation de transformer la publicité traditionnelle sur mobile en un service à valeur ajoutée pour les usagers. Pour cela, nous avons ce que l’on appelle un Stack de technologie qui comporte plusieurs modules : un premier qui est un bidder, un second qui est un adserver et un troisième qui est un traqueur. Sur chacun de ces modules, nous capturons de la data, nous la segmentons et la réorganisons pour constituer des profils qui soient à la fois le plus précis possible et suffisamment significatifs en terme de nombre pour avoir un intérêt. Pour ces différents profils, nous proposons des créations publicitaires adaptées, pour pouvoir ensuite envoyer un message individualisé, qui correspond aux usages, aux caractéristiques de chacun des individus que l’on cherche à toucher et tout cela au moment où ils sont le plus aptes à être intéressés. Cela nous permet de proposer un service à valeur ajoutée et non d’interrompre ou de gêner avec des messages inadaptés, intrusifs, qui à l’arrivée n’ont d’intérêt, ni pour le consommateur, ni pour l’annonceur. NN : Que représente le fait d’être un acteur 100% mobile sur le marché actuel ? FJ : Cela nous donne un temps d’avance. Les investissements sont en train de se diriger massivement vers le mobile, qui représentera 50% du marché en 2016. La consommation des individus migre de façon inéluctable de l’internet traditionnel vers les applications. Résultat, aujourd’hui tous les acteurs du marché proposent des services de traking pour mobile. Mais ce sont la plupart du temps de simples extensions de leur technologie desktop. Or s’ils savent très bien identifier les internautes, créer des algorithmes d’identification basés sur le cookie, l’identification au sein d’applications fonctionne de façon tellement différente que leurs résultats sont très approximatifs. A l’inverse nous sommes arrivés directement sur le mobile, ce qui signifie que notre technologie a été pensée et développée pour ce format. C’est un avantage technologique certain, mais qu’il faut conserver en continuant à investir. Nous avons levé 8 millions de dollars en juin dernier dont une part significative nous sert à recruter des talents dans la partie R&D, afin de rester à la pointe de la technologie sur mobile. NN : Vous qui venez d’un grand groupe, que retenez-vous de l’expérience start-up ? FJ : J’ai adoré mon parcours dans tous les grands groupes de communication, où j’étais un « intrapreneur » comme je me qualifie, et j’ai notamment lancé Zenith Optimedia Interactive et Zed Digital au sein du groupe Publicis. Mais déjà à l’époque, j’avais en tête l’idée de sauter le pas et de me lancer dans l’entreprenariat sans l’aide d’une structure et c’est encore plus excitant que ce que j’avais même envisagé. C’est beaucoup plus agile, on prend une décision, on la met directement en œuvre. Même si nous conservons une vision, avec des objectifs, nous avons pour les réaliser une liberté totale et la capacité à réagir dans l’instant et franchement c’est très agréable. C’est ce que j’appelle du « stress positif », et c’est rafraîchissant. Par ailleurs, assister à l’éclosion d’une structure est également très enthousiasmant : nous sommes 78 personnes aujourd’hui contre 35, quand j’ai rejoint la société au mois de mai. Nous avons ouvert le bureau londonien, nous sommes présents à New York et Singapour et nous avons mis un pied en Amérique du Sud avec notre bureau de Sao Paulo. L’objectif désormais est de porter S4M le plus haut possible sur ces différents marchés. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr