Gildas Dussauze a créé Vrtuoz, première plateforme de réalité virtuelle permettant de partager en temps réel du contenu 3D et 360°. Cet ancien de Wagram Music nous explique pourquoi il a fait le choix de la réalité virtuelle et comment il envisage le développement de cette technologie ainsi que celui de Vrtuoz dans les années à venir.
NN : Quelle est l’histoire de Vrtuoz ? GD : Le projet Vrtuoz a démarré en janvier 2015. Je sortais d’une expérience dans l’industrie du disque avec l’idée de faire vivre des évènements de réalité virtuelle en live. N’étant pas ingénieur, j’ai cherché des partenaires experts sur le sujet. J’ai rencontré mes deux associés au premier trimestre 2015. Nous avons décidé de créer la société au mois d’avril et démarré le développement de l’application dans la foulée. Aujourd’hui nous en sommes à la version bêta et nous allons lancer la version grand public au mois de septembre. NN : Quels services propose Vrtuoz ? GD : Vrtuoz permet de réunir des utilisateurs dans un environnement virtuel personnalisable qui est également un espace de rencontre avec d’autres participants. A partir de cet espace virtuel, on peut avoir accès à une banque de contenus 360, enregistrés ou diffusés en direct. Au-delà de la dimension sociale, il y a la possibilité d’accéder à des évènements en direct et de les vivre comme si on y était, depuis chez soi. Notre solution est accessible via ordinateur ou mobile, peu importe le système d’exploitation. NN : Pourquoi avoir tenté ce pari de la réalité virtuelle ? GD : Au départ, mon domaine de compétence est l’industrie du contenu, pas la réalité virtuelle. Au sein de l’industrie musicale, j’ai vécu une révolution technologique qui a fait disparaître le modèle économique initial. Une transition de la détention de contenus enregistrés vers un système d’abonnement où l’on paie un droit d’accès. Or, je pressens que la prochaine étape sera de vivre pleinement un évènement via le net. Jusque-là, les technologies permettant de le faire n’étaient pas suffisantes pour l’utilisateur, or l’arrivée de la réalité virtuelle change tout. C’est la technologie qui va nous permettre de créer de la valeur dans l’industrie du contenu, par le biais de l’évènement. Elle est désormais accessible via Smartphone ce qui permettra, à priori, un taux de pénétration proche des 100% dans un futur relativement proche. C’est cette double évolution, de la technologie et des modes de consommation qui m’a poussé à me lancer. NN : Comment va évoluer l’offre en matière de réalité virtuelle ? GD : Nous misons sur la démocratisation de la réalité virtuelle dans les années à venir. Avec la prochaine génération de Smartphones, n’importe quel utilisateur va pouvoir créer lui-même son contenu 360 pour le partager ou le diffuser en direct. Cela va enrichir le catalogue et populariser la pratique. A terme, la réalité virtuelle ne concernera plus seulement quelques évènements majeurs mais disposera d’une offre comparable à celle que l’on trouve aujourd’hui sur Youtube. D’ailleurs nous avons rendu visite aux dirigeants de Google, à leur invitation, et ils font de la réalité virtuelle leur priorité numéro 1. Aujourd’hui, tous les produits, toutes les solutions Google sont orientés réalité virtuelle. NN : Vous voulez « intégrer une couche de social dans la réalité virtuelle », comment cela se concrétise-t-il ? GD : Cela devient intéressant pour les utilisateurs et les éditeurs à partir du moment où cette expérience de partage de la réalité virtuelle entre utilisateurs peut être effectuée à l’intérieur même du contenu. La véritable valeur ajoutée c’est de pouvoir se regrouper, interagir, dialoguer, s’orienter mutuellement. C’est pour cela que notre solution permet un contact visuel et sonore tout au long de l’expérience. Cette expérience peut être un concert, une visite de musée ou d’appartement. Nous pouvons la diffuser à plusieurs personnes en mode multiutilisateurs et proposer des contenus interactifs en donnant la possibilité à chacun de changer de point de vue, de caméra dans le cas d’un live, ou de choisir un itinéraire alternatif lors d’une visite virtuelle de musée par exemple. NN : Quels sont les projets en cours chez Vrtuoz ? GD : Nous avons démarré une levée de fonds. L’objectif est de récolter 1 million d’euros d’ici la fin de l’année. Nous prospectons principalement en France, mais nous discutons également avec des partenaires aux Etats-Unis. Aujourd’hui le marché est là-bas et nous devons absolument assurer une présence américaine, directement ou par le biais d’un partenariat. Nous allons également lancer une vague de recrutements, directement liée à cette levée de fonds et qui devrait intervenir au plus tard au troisième trimestre de cette année. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr