Jérémy Lamri est le fondateur de Monkey tie, le Meetic du recrutement en ligne. Retour avec lui sur le développement de son entreprise, le nouveau visage du marché de l’emploi et la nécessaire transformation du secteur RH.
NN : Vous présentez souvent Monkey tie comme un « Meetic du recrutement »… JL : Notre plateforme publique fonctionne effectivement sur le même principe : se trouver par affinités. Avec d’un côté des candidats qui s’inscrivent, chargent leur CV, et passent un test de personnalité et de motivation, et de l’autre les recruteurs qui postent leurs offres d’emploi en précisant le type de personnalité recherché. Notre technologie permet ensuite de faire correspondre les candidats avec les offres et les entreprises compatibles. Cette plateforme est gratuite. Plus de 200 000 utilisateurs et 1 800 entreprises l’utilisent, en France et au Royaume-Uni principalement. Elle nous permet de développer notre marque tout en perfectionnant notre technologie, grâce aux données générées. Nous disposons ainsi d’une technologie de matching affinitaire unique sur le marché, que nous réutilisons au profit du recrutement et de la mobilité interne des entreprises, à travers une plateforme payante appelée Career Profiler. NN : Quelle est l’actualité de Monkey tie ? JL : Notre actualité principale est le développement d’une plateforme gouvernementale, basée sur notre technologie, dont l’objectif sera d’aider les actifs et futurs actifs à s’orienter professionnellement. Il s’agit du Guide d’Orientation des Métiers, qui verra prochainement le jour, et touchera plus de 40 millions de français. Un projet de grand ampleur qui vient récompenser notre savoir-faire technologique, notre expertise et notre approche novatrice du secteur de l’emploi, où l’humain est au centre de tout. NN : C’est donc une nouvelle façon d’aborder le marché du travail que vous proposez ? JL : L’idée de départ était d’intégrer la personnalité des utilisateurs dans la recherche d’emploi. Mais aujourd’hui cela va au-delà, nous parlons désormais de développement professionnel, pour mieux se connaitre, progresser, et accéder aux opportunités. Monkey tie veut créer une passerelle entre le monde de l’éducation, celui du travail et le quotidien de chacun. Avec notamment la prise en compte des «soft skills», ces compétences transférables entre différents métiers, qui sont de plus en plus recherchées par les entreprises. NN : Ces « soft skills » sont-elles devenues déterminantes dans le recrutement ? JL : A l’ère digitale, toutes les professions se transforment. Dans moins de 10 ans, plus de 50% des métiers actuels seront opérés par des machines et de nouvelles professions vont voir le jour. Il va falloir s’adapter rapidement, former ses salariés en privilégiant les soft skills des collaborateurs, afin de rester agiles. De l’autre côté, les candidats veulent une visibilité sur leur carrière et une entreprise capable de s’intéresser réellement à eux. Connaître ses compétences métiers mais également ses aptitudes comportementales permet de se projeter vers l’avenir et d’organiser sa carrière. NN : Les utilisateurs de Monkey tie ne sont pas uniquement à la recherche d’un emploi… JL : La plupart des gens qui se rendent sur notre site sont déjà en poste. Ils sont dans cette logique de développement professionnel. C’est un des grands sujets de l’époque : comment faire pour rester compétitif sur le marché de l’emploi toute sa vie ? Il faut désormais se former et se remettre en question en permanence. La plateforme Monkey tie intervient dans cette démarche. NN : Vous accompagnez également la transformation du secteur RH… JL : Depuis deux ans, le secteur RH est l’un des plus dynamiques en France où l’on compte actuellement 500 start-up travaillant sur ces problématiques. Le besoin de transformation des ressources humaines est patent. Il faut désormais gérer des talents, les attirer, les faire évoluer. Les responsables RH entrent progressivement dans cette démarche, et beaucoup d’acteurs ont pressenti cette évolution et proposent des solutions. NN : Quelles solutions proposez-vous à travers l’initiative Lab RH ? JL : J’ai cofondé avec Boris Sirbey il y a un an et demi le Lab RH, une association loi 1901 qui regroupe 250 start-up évoluant dans l’univers des ressources humaines. Le but est d’aider les responsables RH à accélérer la transformation de leurs organisations, et de leur propre fonction, en leur montrant toutes les innovations disponibles et en les accompagnant dans ces changements structurels. Le Lab RH fonctionne comme un cabinet de conseil, mais à la place des consultants nous prenons des entrepreneurs de start-up RH, avec une véritable vision de leur domaine . Pour les 26 grandes entreprises qui font appel à nos services, c’est la garantie d’une expertise mais également d’un « esprit start-up », d’une agilité qui leur sera utile pour la suite. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr