A la tête d’eCab depuis mars, Laurent Kennel, conseil auprès des directions générales pendant 10 ans sur des questions de croissance et de rentabilité, mène désormais le développement de la société. Lancée en 2014, elle propose une 3 ème voie sur un secteur déchiré entre acteurs traditionnels et digitaux.
NN : Pouvez-vous nous présenter eCab ? LK : eCab est avant tout une application Smartphone, qui permet de commander un taxi dans 10 villes en Europe en garantissant un service rapide et qualitatif. C’est une plateforme d’intermédiation offrant la simplicité et la puissance du digital avec la fiabilité d’un réseau de partenaires sélectionnés, dans chaque ville, sur leur qualité de service. Nous mettons en relation les clients avec des chauffeurs de taxis appartenant à des sociétés déjà constituées : Allo Taxi à Lyon, les Taxis Verts à Bruxelles, à Paris ce sont les Taxis G7. Des professionnels qui savent gérer leur qualité connaissent parfaitement chaque ville et apportent leurs ressources. Résultat, en volume, nous avons vite 1000, 2000 taxis qui nous permettent d’avoir immédiatement un service efficace. A ces acteurs, nous apportons une solution technologique pour faire évoluer leurs services dans un secteur qui change très vite. Nous leur proposons également cette nouvelle approche du service sur mesure. NN : Vous proposez un modèle intermédiaire entre taxis traditionnels et Uber ? LK : La différence avec Uber c’est que nous nous voyons comme un acteur complémentaire des offres existantes. Il y a des marchés ou nous sommes la première solution 100% digitale, notamment à l’international. Sur d’autre marché nous sommes une alternative pour des gens qui se sentent plus à l’aise avec le digital. Des clients plus exigeants qui veulent des services sur mesure : parfois rapides et pas cher, parfois un peu plus haut de gamme. Mais toujours en plaçant le client au centre et en respectant les acteurs locaux. NN : Comment est né ce service ? LK : L’entreprise a été lancée et incubée au sein de G7. Nous fonctionnons aujourd’hui de façon indépendante, même si G7 reste notre actionnaire et notre partenaire de référence. Nous avons pu intégrer leur expertise et savoir-faire que nous déployons maintenant partout en Europe. La croissance internationale et celle de la base utilisateur ont rendu cette autonomie indispensable. Je suis justement venu pour structurer l’entreprise et appuyer ce développement rapide. NN : Qu’est ce qui vous a amené à travailler dans ce secteur ? LK : Pour moi, qui suis ingénieur à la base, c’est une industrie complexe et fascinante.L’enjeu est d’optimiser le rapport entre l’offre et la demande, dans l’espace et dans le temps, avec de millions d’utilisateurs, des milliers de véhicules. En plus le secteur est en pleine transformation, avec un passage de problématiques locales et empiriques vers des problématiques internationales et technologiques. Je pense qu’eCab a son mot à dire, car nous avons une expertise reconnue au niveau international sur la gestion de ces problématiques. A titre personnel, après avoir été longtemps consultant, j’ai travaillé, réfléchit et conseillé sur ces sujets de croissance et de transformation, c’est passionnant de pouvoir prendre les commandes de ce projet. J’apprécie également le côté start-up, c’est très léger, avec des circuits de décisions très court, une équipe de 8 personnes que je côtoie au quotidien. Tout ça permet d’avancer rapidement, sachant que la vitesse est un enjeu clé dans ce secteur en ce moment. A cela s’ajoute pas mal de voyages, d’échanges avec les différents partenaires. NN : Justement comment êtes vous reçus par les compagnies de taxis locales ? LK : Dans l’ensemble, les compagnies de taxis reconnaissent rapidement l’expertise et la pertinence du modèle et de la technologie. Parfois on les sent un peu démunis face aux changements rapides et violents qui secouent leur secteur. Ce n’est pas une histoire franco-française, le secteur se transforme partout dans le monde. En général les acteurs locaux n’ont pas les outils pour faire face, nous arrivons pour les aider à lutter à armes égales dans ce nouveau monde. La plupart on pris conscience qu’il fallait évoluer. Nous leur apportons une technologie toujours à la pointe du marché, et surtout travaillons sur le service, car la digitalisation va bien au delà des canaux de commandes, en remettant le client au centre du jeu. NN : Quel avenir envisagez-vous pour eCab ? LK : Aujourd’hui nous sommes présents en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Ce mois-ci nous préparons des ouvertures, notamment au Canada, en Irlande, en Inde et ce n’est que le début puisque nous voulons densifier notre présence, notamment en Europe. Nous avons actuellement des discussions très actives avec de nombreux prospects. C’est crucial, car une appli présente dans 10 pays est plus puissante que celle qui existe juste dans votre ville. D’autre part nous devons gérer une dynamique de croissance rapide d’un mois sur l’autre tout en continuant de faire évoluer l’offre. Enfin la technologie reste un sujet d’attention majeur pour garder des interfaces client et une performance à la pointe du marché. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr