Associée et co-directrice de la Galerie Papillon depuis 9 ans, Marion Papillon a également lancé CHOICES Paris Gallery Weekend en 2014. C’est l’occasion pour elle de revenir sur le métier de galeriste, la gestion d’une entreprise familiale et les relations entre le monde de l’art et les entreprises.
Marion Papillon, parlez-nous de votre métier de galeriste… MP : Le métier de galeriste est un métier très personnel, dans un milieu professionnel assez dense qui associe des profils très différents : collectionneurs privées, amateurs d’art, institutionnels, historiens, artistes… C’est une profession où l’émotion est très importante. Vendre une œuvre, c’est un moment précieux où le collectionneur partage voire même s’associe à notre propre choix.Mais même si les galeristes travaillent tous très différemment, nous appartenons aussi une communauté qui doit aujourd’hui être plus forte pour valoriser son travail au sein d’un secteur très dynamique, tant en France qu’à l’étranger. C’est un secteur concurrentiel même si l’on ne défend pas les mêmes artistes, il faut arriver à se positionner clairement pour promouvoir ses choix. Pouvez-vous nous parler de CHOICES, le nouveau parcours au cœur des galeries parisiennes que vous avez créé ? MP : Les foires sont très importantes pour notre métier, mais ce n’est pas le seul moyen de faire découvrir l’art contemporain. Je souhaitais en créant CHOICES, le week-end des galeries à Paris, valoriser le métier que nous faisons au quotidien avec et pour les artistes dans nos espaces de galeries : nous produisons des œuvres, nous organisons des expositions tout au long de l’année, dans nos murs et hors les murs, nous accompagnons nos artistes dans leur carrière. CHOICES a l’ambition de donner une image plus juste du métier de galeriste. Vous êtes une entreprise familiale. C’est le cas aussi de beaucoup de PME en France. Qu’est-ce que vous apporte cette dimension familiale ? (NDLR : la galerie Papillon a été créée en 1989 par Claudine Papillon) MP : En tant qu’entrepreneur c’est très agréable de ne pas être seule, de pouvoir partager les décisions et le lien familial apporte une confiance supplémentaire. Il n’y a pas besoin de longues négociations notamment pour le choix des artistes, si l’une ou l’autre n’est pas d’accord, on n’insiste pas. C’est certainement plus simple car on se connaît très bien. Par extension, ce lien familial embrasse les artistes que nous nous représentons ; il participe à la création d’une identité forte. Quelles sont vos relations avec les entreprises ? MP : Parmi nos collectionneurs nous avons des entrepreneurs ou des dirigeants qui ont envie de faire entrer l’art dans leur entreprise, d’initier leurs collaborateurs… C’est très positif et cela m’intéresse beaucoup. C’est un axe que je souhaite vivement développer avec les entreprises. L’art contemporain, c’est l’art avec lequel on vit aujourd’hui. Il est certes plus difficile à comprendre que l’art ancien ou même moderne, parce que l’histoire justement n’a pas encore « fait le tri » et l’accompagnement est souvent utile. Il est plus difficile d’avoir son propre jugement en art contemporain mais c’est cela aussi qui est intéressant. Notre métier est justement de guider le regardeur, l’amateur et d’aider chacun à comprendre et à apprécier. Quels conseils souhaiteriez-vous donner à ceux qui veulent s’initier à l’art ? MP : Les galeries organisent toute l’année des expositions ouvertes à tous et gratuites. Pour ceux qui veulent s’initier à l’art, faire les galeries régulièrement permet de « se faire un œil ». Il n’y a pas d’autre secret selon moi. En outre, beaucoup de galeries proposent régulièrement des expositions monographiques dédiées à un seul artiste. Cela permet de mieux comprendre un travail dans sa démarche globale mais aussi de découvrir des artistes qui n’ont pas encore forcément une large visibilité dans les grands musées ou fondations privées. Florence Bost The Art Marketing Company