Né dans la tech il y a plus de 25 ans, 10.000 collaborateurs, 1 milliard d’euros de revenus… Devoteam est un cabinet de conseil en stratégie digitale, cloud, cybersécurité et data. CMO du groupe, Michael Rolland se livre en toute franchise.
Au cours de votre carrière vous avez travaillé dans l’avant-vente, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Le principal enseignement que j’en ai tiré, c’est qu’il faut être humble par rapport au business. Parfois le marketing se trouve déconnecté de la réalité avec des outils qui vous font miroiter monts et merveilles. Quand on fait de l’avant-vente, on passe son week-end à travailler la propale du lundi. Tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne s’en rend pas compte. Souvent, j’entends dire que les vendeurs récoltent les lauriers et les primes mais la réalité c’est qu’ils travaillent beaucoup ! J’ai du respect pour eux car cet effort n’est pas toujours perçu.
Donnez-nous votre vision du marketing…
Le type de marketing que j’aime et que je pratique c’est le « do it yourself ». Je crois énormément aux réalisations en interne faites par de vrais talents. Guider des agences, c’est pas un métier très motivant. Chez Devoteam, nous sommes montés en valeur en créant le TechRadar. Ce contenu a embarqué 92 experts pour guider nos clients perdus face à la complexité technologique. Il n’a pas été envisagé dans un objectif marketing mais comme de la valeur pour les clients. Nous n’avons jamais rencontré un tel succès ! C’est une fierté de redonner au marketing tout son sens. A cette occasion, j’ai atteint le graal du CMO : un bon contenu promu intelligemment.
Quels sont vos défis ?
Finir un projet ! Devoteam est en pleine transformation. Depuis quatre ans, nous avons œuvré sur de nombreux chantiers marketing : nouvelle marque, identité visuelle, changement des outils digitaux avec une migration vers HubSpot… Nous avons également retravaillé des processus de travail notamment grâce à l’acquisition des talents.
C’est-à-dire ?
Devoteam vend de la propriété intellectuelle. Or, comme vous le savez, la bataille des talents fait rage. L’année dernière, nous avons consacré beaucoup d’effort pour trouver de nouveaux consultants avec des éléments différenciateurs et des promesses employeur tangibles. Je me suis rendu compte que ce que l’on vend à un client et à un collaborateur se rejoignent. Aux côtés des métiers du recrutement, nous avons redécouvert les basiques du marketing. Comment attirer l’attention ? Les accroches, les messages clés pour obtenir un rendez-vous, gérer le no show d’un candidat… L’approche go to talent a déteint sur notre approche go to market. Nous avons repensé les deux expériences de bout en bout jusqu’à parfois les fusionner.
D’autres changements en perspective ?
L’entreprise effectue un repositionnement fort dans le conseil en technologie. Dans ce contexte, le rôle du directeur marketing est important car il participe au changement de positionnement de la marque, à la création des offres ainsi qu’à la stratégie de marché. C’est un chantier de transformation intéressant, quasi holistique. Le terrain de jeu devant nous est formidable.
Au quotidien, cela change quoi ?
Nous travaillons des offres plus premium où nous sommes présents de bout en bout : de la stratégie jusqu’à l’implémentation. Comme ESN, nous nous adressions principalement aux DSI. Aujourd’hui en tant que cabinet de conseil en technologie nous nous tournons vers d’autres profils comme les CFO ou les PDG… Ce changement de cibles a fait évoluer nos éléments de langage, la qualité de la marque et la stratégie marketing dans son ensemble.
Propos recueillis par Adrien Ares