1 décideur sur 5 a changé de poste ou d’entreprise en 2013 et 4 sur 10 envisagent une mobilité à moyen terme. Preuve que la morosité ambiante ne freine pas l’envie de bouger des cadres dirigeants.
Freinée par les premières années de crise, la mobilité des décideurs est repartie à la hausse depuis deux ans. Après plusieurs années d’attentisme, 2013 confirme la tendance déjà constatée en 2012 : sur les 5 800 décideurs sondés par l’étude MobiCadres*, 21% ont déclaré avoir changé de poste ou d’entreprise en 2013, 81% affirment être à l’écoute du marché et 4 décideurs sur 10 envisagent une mobilité à moyen terme. Plus intéressant encore, 3 décideurs sur 4 déclarent être à l’initiative de leur mobilité. C’est là la preuve de «l’émergence d’une nouvelle forme de mobilité non subie » selon Gabriel Bardinet, senior manager chez Deloitte. La crise est certes encore dans les esprits mais elle ne constitue plus un frein aux envies de mobilité des décideurs.
La mobilité externe gagne du terrain
Alors qu’elle était largement privilégiée ces dernières années, la mobilité interne perd du terrain en 2013 au profit de la mobilité externe, qui gagne 2 points à 49% (contre 51% pour la mobilité interne). «Cela s’explique par un effet fin de cycle et par un besoin de sang neuf dans les entreprises après 3 ou 4 années à s’être appuyées majoritairement sur la mobilité interne », explique Serge Papo, président de Nomination. Plus marquée dans les petites entreprises (61%), la mobilité externe reste en revanche minoritaire dans les grands groupes, avec 70% des dirigeants privilégiant encore l’interne. De tous les décideurs, les plus prompts à bouger restent les directeurs marketing et les directeurs commerciaux, ainsi que les plus jeunes collaborateurs. Fait nouveau, les femmes semblent trouver dans leurs entreprises plus d’opportunités en interne qu’auparavant, avec des possibilités d’évolution moins réduites. Elles sont aujourd’hui 52% à déclarer avoir bénéficié d’une mobilité interne, contre 51% pour les hommes. Quant aux seniors, par prudence, ils continuent de privilégier la mobilité interne : les plus de 55 ans restent plus longtemps au même poste – en moyenne 4,8 ans, contre 3,5 ans pour les 40-44 ans et 2,9 ans pour les moins de 35 ans.
La rémunération n’est pas un facteur de motivation
Contrairement à l’idée courante, ce n’est pas la rémunération qui incite les cadres dirigeants à bouger. Bien au contraire: en 2013, 1 décideur sur 4 a accepté une mobilité à un niveau de salaire identique, voire inférieur selon MobiCadres. La rémunération n’arrive qu’en cinquième position des éléments déterminants pour une mobilité, loin derrière la volonté d’étendre son champ de responsabilités (en hausse de 15 points à 68% par rapport à 2012) et de disposer d’une perspective d’évolution de carrière (en hausse de 7 points à 40% par rapport à 2010). « Cela démontre une nouvelle fois que dans le cas d’une mobilité, l’intérêt du travail, le développement de carrière, l’équilibre de vie professionnelle/personnelle sont autant de leviers de rétribution globale qui font qu’un décideur accepte ou pas une baisse de salaire, souligne Philippe Burger, associé responsable capital humain chez Deloitte. On constate par ailleurs que près de 9 décideurs sur 10 considèrent la rémunération comme motivante mais paradoxalement, seul 1 décideur sur 2 estime qu’une hausse de rémunération entraînerait un surcroît de motivation. » Dont acte.
La montée en puissance des DRH
C’est l’un des grands enseignements de cette septième édition de MobiCadres : la montée en puissance des directeurs des ressources humaines, de plus en plus impliqués dans la stratégie des entreprises. En 2013, 13% des DRH ont ainsi évolué vers les directions générales, soit une hausse de 7% par rapport à 2012, au détriment de la fonction finance en perte de 12 points en 2013, à 15% (contre 2% en 2012). « En devenant le principal levier de la réalisation de leurs stratégies de développement, les DRH prennent une nouvelle place et deviennent un élément clé dans la mise en œuvre des orientations stratégiques, ainsi qu’un interlocuteur majeur au sein des conseils d’administration, explique Philippe Burger. La passerelle vers des postes de direction générale se fait alors plus naturellement. » De l’avis des auteurs de l’étude, cette part ne peut que croître dans les années à venir, avec des DRH toujours plus appelés à élaborer des solutions d’organisation pour répondre aux nouveaux enjeux des entreprises, notamment ceux de la mondialisation. *Étude réalisée par Deloitte en partenariat avec Nomination, du 1er mars au 31 mai 2013. La mobilité des décideurs a été étudiée sur l’année complète du 1er janvier au 31 décembre 2012.