Pablo Oliver et Patrick Tavaris nous présentent MoveWork, éditeur de solution de traçabilité d’activités qui a choisi de placer l’humain au cœur de sa problématique. Un pari qui pourrait se révéler payant dans une économie où le développement de la mobilité et l’explosion des volumes de données ouvrent des possibilités immenses.
NN : Pouvez-vous nous présenter MoveWork et ses solutions ?
PT : Nous offrons des solutions aux entreprises ayant une partie de leur population salariale qui effectue ses interventions à l’extérieur de la société. Nous entamons notre sixième année sur ce marché du multiservices, qui regroupe des activités comme l’entretien, la propreté, la sécurité et d’autres domaines plus connus comme le BTP, l’intérim, ou l’hôtessariat. En tout, cela représente 3 à 4 millions de salariés en France et 20 millions en Europe.
En cinq ans d’histoire nous avons bâtit deux plateformes. La première solution permet d’encadrer la gestion et le contrôle du travail. Si votre personnel exerce à l’extérieur de l’entreprise, par définition vous ne le voyez plus, or vous avez l’obligation légale de savoir où il se trouve et quel est son temps de travail. Le pointage existe depuis les années 1900, chez nous l’innovation réside dans la dématérialisation. Nous sommes passé de l’ère du papier-crayon à celle du digital. Ce qui apporte un gain de temps, une information plus juste et permet des prises de décisions plus rapides et bien sûr un meilleur contrôle de l’activité. Pour cela MoveWork propose aujourd’hui une quinzaine d’outils différents permettant à une personne de signifier sa présence ou son départ.
L’évolution naturelle de MoveWork a été de concevoir ensuite la plateforme Dataflow, qui se positionne sur les mêmes bases, mais s’intéresse à la qualité des services. Dans de nombreux spots publicitaires, des grandes marques comme la SNCF ou Coca-Cola communiquent sur la qualité de leurs services, avec une garantie de quasi-perfection auprès de l’usager. Or engager des promesses comme celles-ci suppose de pouvoir mesurer les résultats, pour savoir si l’engagement est tenable et tenu. Dataflow s’inscrit dans cette démarche là, en proposant un contrôle qualité permanent. Nous allons nous assurer que le bus que vous prenez le matin soit propre. Même chose pour la qualité de service dans les maisons de retraite, les centres hospitaliers, l’hôtellerie. Nous demandons au salarié de fournir une information sur les différentes étapes de son intervention. Nous utilisons également les objets connectés, qui vont nous permettre de récolter différents types d’informations que nous pourront ensuite réutiliser : combien de personnes se trouvent avec lui ? Quelle est la température de la pièce ?
Le big data est un axe de développement fort pour nous, avec l’objectif de proposer un tableau de bord complet pour les entreprises. Avec des indicateurs sur l’activité, son contexte, sa productivité qui serviront pour l’aménagement du temps de travail et la planification.
NN : Quels sont vos rôles respectifs au sein de Movework ?
PT : Nous sommes trois associés fondateurs. Pour ma part j’apporte une vision marketing, technologique et stratégique à l’entreprise. M. Oliver apporte une culture grand groupe, car nous avons quatre contrats cadres signés avec des grands groupes européens et c’est un savoir-faire tout à fait particulier que de gérer ces comptes là. Cette technicité commerciale est très importante pour MoveWork. Nous avons également un troisième associé qui a en lui une certaine fougue de la jeunesse. Il nous apporte un regard différent, nous permet de faire le lien avec nos équipes qui sont très jeunes et de rester agile dans notre fonctionnement.
NN : Quels sont les grands axes de votre stratégie commerciale ?
PO : Nous avons une stratégie « grand comptes » assez innovante qui prend le contrepied de ce qui est exprimé aujourd’hui, à savoir que ces grands comptes peuvent être déséquilibrants pour une jeune société.
MoveWork veut avoir un rôle d’innovation dans le management de ces leaders européens du multiservices, qui sont des industries à très forte densité de main d’œuvre dont 80% des coûts proviennent de la masse salariale et qui gère encore trop souvent leurs équipes de façon traditionnelle, dans l’a posteriori. Notre objectif est de leur proposer des solutions de rupture dans leur management et leur organisation. En leur apportant une visibilité en temps réel sur leurs activités locales et en leur donnant accès à des données consolidées instantanément.
NN : Quel est le plan de développement de MoveWork pour y parvenir ?
PT : Nous avons démarré en 2013 un programme R&D sur cinq ans qui nous permettra, à termes, de couvrir de nouveau périmètre comme celui du machine learning. Nous voulons comprendre comment les problèmes ont été résolus, connaitre les entreprises, pour proposer les choix les plus opportuns en fonction du contexte et du moment. Le but est d’aller vers des modèles prédictifs, de créer de vastes systèmes de comparaison de données qui permettront aux sociétés de simuler des facteurs de croissance, de confronter des incidents techniques à l’organisation d’une équipe etc.
Pour cela nous avons une grande richesse qui est notre stock de données. Avec une masse d’informations très diverses sur le contexte, la région, la météo, le trafic…Cela fait dix ans que nous suivons les cents meilleures entreprises de propreté sur le marché. Nous savons comment elles travaillent, nous sommes en mesure d’identifier leurs points d’amélioration potentiels et de prédire les grandes tendances du secteur.
PO : Notre développement à l’international sera également décisif. Car l’information ne peut être riche que si elle vient de contextes, d’univers différents. C’est grâce à cela que nous obtenons des échelles comparatives intéressantes qui nous permettent d’avancer. C’est pourquoi nous sommes déjà présents en Espagne et que nous prévoyons de développer fortement nos activités portugaise et allemande dans le courant de l’année 2016.
NN : Pensez-vous que le contexte actuel soit favorable au développement de MoveWork ?
PT : Clairement. La mobilité, le travail à distance, le renforcement de l’expérience client, tout cela va dans notre sens. Chaque année qui passe renforce l’obligation de prendre en compte la mobilité des salariés et tout ce qui va avec, comme les facteurs écologiques et économiques de leurs déplacements. Tous ces éléments vont dans notre sens et nous permettent d’être à la fois dans l’air du temps et time to market comme on dit.
Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr