Philippe Depoux, trente ans dans l’immobilier et directeur général de Gecina depuis 2013, est l’heureux lauréat de 3 Pierres d’Or, les récompenses du magazine Immoweek pour les métiers de l’immobilier. L’occasion idéale de revenir avec lui sur l’œuvre accomplie chez Gecina et les projets à venir.
NN : Vous avez récolté trois prix à la dernière cérémonie des Pierres d’Or, qu’est-ce que ces trophées viennent récompenser pour vous et Gecina ?
PD : Si l’on considère les prix par ordre croissant d’importance, de mon point de vue, le premier est celui de Manager de l’année. Il récompense un dirigeant qui porte le développement de son entreprise, vers du profit bien sûr, mais aussi de l’exemplarité. Avec évidemment, quelques actions d’éclats réalisées dans le courant de l’année. Là, en l’occurrence, ça venait récompenser la plus grosse transaction de bureau réalisée l’année dernière, à savoir l’achat du siège d’Engie à La Défense et celui de PSA, avenue de la Grande Armée. Nous avons également réalisé quelques ventes très opportunistes et assez profitables que les votants ont retenu. Je pense que notre politique RSE, particulièrement volontariste, a également compté dans le suffrage.
Pour le Professionnel de l’année, qui est un peu l’Oscar des Oscars, cela devient plus personnel. C’est un petit monde que celui de l’immobilier, les gens y ont leur réputation. Je pense personnellement m’être bâti celle de quelqu’un qui, au-delà d’être un faiseur d’affaire, ne considère un contrat que s’il est gagnant – gagnant et que la problématique de la partie adverse est comprise et entendue . C’est, je pense, cette ligne de conduite que ce prix est venu récompenser.
Il reste le Prix spécial du public qui est le plus important à mes yeux. Contrairement aux autres, il a lieu en direct. C’est spontané, une sorte de coup de cœur et une reconnaissance de la part de l’ensemble de mes pairs.
NN : Parlons de l’avenir. Quels sont les grands projets, les défis majeurs qui attendent Gecina ?
PD : Gecina est aujourd’hui le leader du bureau parisien. C’est notre créneau, notre cœur de métier. Dans ce cadre-là, le Grand Paris, qui est une profonde mutation destinée à ancrer Paris dans la cour des villes-monde, sera un projet important pour nous. Paris, qui est déjà le plus gros marché de bureaux d’Europe devant Londres et seulement devancé par New York au niveau mondial, va encore gagner en attractivité et nous en sommes évidemment très heureux.
Pour ce qui est de la feuille de route de Gecina pour les années à venir, il s’agit de consolider notre position de leader dans le bureau parisien tout en continuant à porter une politique RSE ambitieuse et novatrice. Des immeubles et un comportement vertueux, avec une responsabilité sociétale clairement établie. Quand vous êtes un acteur majeur du marché de l’immobilier, vous agissez sur la région, l’aménagement, l’urbanisme, sur le bien-être des gens, au travail ou chez eux. Nous avons donc une vraie responsabilité, que nous assumons et gérons.
L’autre défi majeur est celui de l’innovation. Pour rester leader sur un marché, votre produit doit être précurseur. Notre réflexion est sur l’immeuble de demain, pour avoir un coup d’avance sur nos concurrents et anticiper les demandes des locataires. Sur des sujets de confort d’immeuble, de faibles consommations, de réversibilité de surface. Nous voulons des immeubles qui s’ouvrent à la ville et dont les services peuvent être utilisés par les gens de l’extérieur. Nous accompagnons les évolutions de l’époque avec des espaces de coworking, des incubateurs de start-up… Nous innovons également dans la conception et l’utilisation de matériaux de fabrication révolutionnaires, qui soit à la fois performants et vertueux.
NN : Vous mentionnez souvent la RSE, quelle est son importance aujourd’hui dans le monde de l’immobilier ?
PD : Chez nous, elle est déterminante et différenciante. Elle est progressivement devenue l’ADN de Gecina. Cela démarre doucement, petit à petit les gens adhèrent, puis vous embauchez des spécialistes qui portent leur message au sein de la société. L’état d’esprit s’installe, et bientôt vous développez une approche qui va au-delà de la question énergétique et bascule sur du comportemental. Ce sont des concepts qui s’ancrent au sein d’une entreprise et dans l’esprit de ses salariés. Aujourd’hui nous avons une vraie politique en matière d’égalité hommes / femmes et de diversité. Nous avons également depuis 2008 une fondation d’entreprise qui intervient dans les domaines du handicap et de l’environnement. Sous un angle un peu différent, nous intégrons des œuvres d’art dans nos immeubles. Nous avons la conviction que l’art a sa place dans un immeuble de bureau, pour le personnaliser et lui donner une identité. Cela permet d’améliorer notre produit tout en soutenant le marché français de l’art.
De façon plus globale, si vous voulez être un acteur visible dans l’immobilier aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous exonérer d’une réflexion RSE. Bien sûr, le cœur de notre métier, c’est d’acheter ou de faire construire des immeubles. Mais la première chose que nous étudions aujourd’hui sur ces immeubles, c’est leur performance environnementale et éventuellement comment l’améliorer. Si ce n’est pas possible, il n’y a pas de compromis, nous n’achetons pas. Car ce n’est pas notre politique et parce que nous avons la conviction que ces immeubles sont promis à une perte de valeur dans le futur.
NN : Pouvez-vous nous expliquer la stratégie « total return » que Gecina a mis en place ?
PD : Comme son nom l’indique c’est un mix de revenu locatif et de création de valeur. C’est ce que nous garantissons à nos actionnaires : un revenu locatif récurrent et si possible croissant, par les loyers que nous percevons tous les ans, et à côté de la création de valeur sur nos immeubles que nous agrandissons, réaménageons et améliorons en permanence.
Nous ne sommes ni une compagnie d’assurances qui privilégie le revenu sécurisé des loyers, ni un marchand de biens, qui achète et revend dans une logique spéculative. Nous sommes un acteur de long terme : acheter, concevoir et construire des immeubles performants pour y accueillir nos clients locataires, c’est ça le métier de Gecina.
Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr