En règle générale, on s’imagine que la recherche de mécènes et de donateurs se cantonne au domaine culturel. Or, le monde des écoles et de l’enseignement y est également confronté. Mais de quelle manière des institutions comme la Fondation Mines-Telecom répondent à ces problématiques ?
Il n’est pas rare que l’écosystème des écoles se révèle complexe. C’est le cas de la Fondation de l’IMT qui, au gré des fusions et absorptions, vient en soutien de 8 écoles et collabore avec 7 associations d’alumni. Un environnement complexe où s’entremêlent divers modes de fonctionnement et des parties prenantes aux positionnements variés : « Nous avons appris à travailler en bonne intelligence », assure Delphine Baron, directrice du mécénat et des particuliers de la Fondation Mines-Télécom. Quelle que soit l’école, une certaine dépendance du mécénat vis-à-vis des associations d’alumni demeure. En effet, ces dernières conservent un atout majeur : les bases de données. Là encore, les manières de travailler diffèrent comme l’étaye Delphine Baron : « Il y a toutes sortes de modèles. On a le droit d’accéder à certaines bases deux à trois fois par an pour faire de la prospection mais d’autres refusent de relayer nos appels aux dons ». Il est vrai que le mécénat est parfois considéré comme une menace qui entrerait directement en concurrence avec la collecte de cotisations.
« 25% des bases alumni seulement sont actionnables »
Bien qu’elles soient clés, les bases alumni ne sont pas toujours de qualité. Pourtant, elles avancent une fiabilité de leurs données de l’ordre de 80%. Un pourcentage prometteur qui serait tenable à condition d’avoir des outils performants et – surtout – des ressources internes pour combattre l’obsolescence. La vérité est tout autre ainsi que le constate Nomination dont le métier est de produire de l’information sur les décideurs, notamment dans l’objectif de faciliter les opérations de collecte et de prospection. Nomination compare sa base de données constituée de 250.000 profils avec celle des associations d’anciens : « L’objectif de nos diagnostics est de connaître la part réelle d’alumni viables. De savoir si écoles et associations ont vraiment mal à leurs data », explique Benoit Marcellin, directeur marketing.
A l’issue de l’audit data, il s’avère que 52% des contacts sont à jour. Dans un tiers des cas, les anciens élèves ne sont plus en poste au sein des sociétés renseignées. En plus de situations professionnelles erronées, il y a également des lacunes au niveau des coordonnées. Nombre d’associations surévaluent la contactabilité en incluant le mail de l’école. Or, celui-ci n’est pas suffisant car il s’agit d’une boîte rarement ouverte et qui ne renvoie sur aucune autre messagerie. « 25% des bases alumni seulement sont actionnables », résume Benoît Marcellin. A propos des difficultés de joignabilité, le papier n’est pas en reste selon Mines-Telecom : « On a arrêté le postal il y a deux ans. Nous en avions assez de recevoir des caisses de NPAI ! ».
Petit-déjeuner, crowdfunding, naming
Mauvaise qualité des données, forte attrition et besoin d’amplifier le volume de donateurs… Telles sont quelques-unes des problématiques auxquelles font face les fondations d’écoles. Malgré tout, la Fondation Mines-Telecom multiplie les initiatives afin de trouver des donateurs potentiels par exemple en versant des variables aux associations en fonction des performances en matière de donateurs. Hormis les dîners de collecte avec un ticket d’entrée ou les réunions d’alumni au sein d’entreprises partenaires, les écoles innovent et proposent de nouveaux formats. C’est le cas des petits-déjeuners de prospection : « Avec l’aide de la data de Nomination, nous avons ciblé des anciens élèves qui avaient eu récemment une promotion ou un changement de poste. Nous les avons félicités et conviés à une rencontre fermée, entre pairs, en compagnie du directeur de l’école. Les échanges ont été très constructifs, on espère maintenant les résultats sur le volet financier ».
Par ailleurs, les fondations d’écoles n’hésitent plus à chercher des fonds à travers le crowdfunding, le sponsoring sur Facebook ou LinkedIn dont les résultats sont mitigés puisqu’il s’agit de réseaux sociaux où les données sont purement déclaratives. Dernière nouveauté en date : se lancer dans le naming d’espaces ou de sièges au sein des campus. Dans la perspective du déménagement prochain à Saclay, la Fondation Mines-Telecom propose d’apposer son nom à des salles ou des sièges : « Parfois, on reçoit des demandes farfelues… Une personne voulait inscrire une énigme ! », raconte Delphine Baron. Et si en matière de donateur privés ou d’entreprises, la solution de l’énigme reposait sur un soupçon de créativité et une bonne dose de data qualifiée ?