Thierry Vallaud, l’un des experts français du traitement des données et du mix marketing est, depuis novembre 2014, à la tête du tout nouveau département data sciences de BVA. Une étape décisive pour l’institut de sondage qui entre de plein pied dans l’ère big data.
NN : Quel est l’objectif de la création d’un département data sciences chez BVA ? TV : D’être précurseur. La décision prise par BVA de miser sur le data mining est assez novatrice, peu de nos concurrents ont fait ce choix aujourd’hui. Les instituts ont l’habitude de collecter l’information qu’ils étudient, mais demain ce travail s’appuiera, en priorité, sur les bases de données. La création de ce département est donc à la fois une étape importante dans l’approche du métier et un pari pour l’avenir. Au niveau du produit, l’objectif immédiat du département est de proposer une analyse, du marché ou des clients, plus pertinente en croisant les résultats obtenus avec ceux des méthodes classiques de collecte d’information. Nos services en datamining & modélisation s’intéressent à de nombreuses sources : CRM, CX (expérience consommateur), web analytics, navigation, géolocalisation, open data… La masse de données disponibles est immense. Le travail du département data sciences est de donner du sens à ce déluge numérique. NN : Quel sera votre rôle au sein de l’institut ? TV : D’apporter mes compétences d’analyse des données. Il y a chez BVA des experts sectoriels qui connaissent bien le marché de la téléphonie, de l’automobile, des médias, de la santé… Ils m’apportent leur expertise marketing et la connaissance des problématiques associées à ces métiers. Ensemble, on comprend mieux les causes et l’impact que peuvent avoir certains phénomènes de données. C’est bien l’entremise des deux savoir-faire qui donne du sens. De façon plus générale, c’est ma vision du rôle de data scientist, celle d’un intermédiaire entre la DSI et le marketing. Il doit faire office de passerelle, être capable de comprendre les données et leur sens à la fois d’un point de vue marketing et informatique. Après je ne crois pas au data scientist omniscient, la politique data mining d’une entreprise doit être le résultat d’un dialogue entre services. NN : Quel est votre regard d’expert sur le phénomène big data ? TV : Je travaille sur ce sujet depuis les années 80 et je pense qu’il y a aujourd’hui une surmédiatisation autour du big data, qui est la continuation d’un phénomène entamé il y a 25/30 ans. Je reconnais volontiers une accélération de l’utilisation des données, mais les médias s’emballent en parlant de révolution. Ce terme est galvaudé, il s’agit plus d’une évolution tendancielle. Un phénomène qui résulte avant tout des avancées techniques liées à l’augmentation des capacités de calcul, de stockage, ainsi qu’à la baisse des coûts de traitement. Pour ce qui est des conséquences de ce phénomène sur la société, il est trop tôt pour connaître la force de l’impact, mais oui, les possibilités offertes sont immenses. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr