Après une double formation ingénieur – finance, Thomas Dang Tran est d’abord passé par la banque d’affaires avant de gravir les échelons au sein du groupe Casino. Son rôle ? Informer, piloter et analyser, mais surtout… s’engager !
Comment définiriez-vous votre fonction en une phrase ?
Mon principal rôle est d’informer les hommes clés de l’entreprise et d’accompagner la performance du groupe en étant force de proposition auprès de la Direction générale.
Comment votre métier a-t-il évolué ces dernières années ?
Outre l’aspect reporting qui consiste à mesurer les performances passées, mon rôle consiste de plus en plus à conseiller les Directions opérationnelles sur la façon de piloter le futur. Dans la même veine, je dois également analyser la rentabilité de projets ponctuels telles les nouvelles implantations, ou les rénovations.
Quels sont les principaux enjeux de la Direction financière des supermarchés Casino à l’heure actuelle ?
Dans la grande distribution les marges sont assez réduites et la concurrence très vive, il nous faut donc être capable de connaître très finement la rentabilité de chaque opération ; qu’il s’agisse d’une promo, du référencement d’un nouveau produit, de l’implantation d’un nouveau magasin… Cela suppose d’analyser de nombreuses variables et de sélectionner les meilleurs indicateurs.
Quel est votre enjeu personnel au sein de l’organisation ?
C’est précisément de faciliter la lecture et la compréhension des données financières que je diffuse auprès de la direction de l’entreprise et de les conseiller sur la meilleure stratégie à adopter pour atteindre leurs objectifs de rentabilité. Ainsi, au lieu de me contenter de jeter une pile de chiffres en pâture à tous les directeurs, ma valeur ajoutée consiste à faire ressortir les indicateurs les plus pertinents et apporter une analyse.
Le numérique est-il en train de révolutionner votre métier ?
Chez Casino, la transformation numérique s’est effectuée il y a déjà très longtemps. Notre système d’information nous permet, par exemple, de récupérer les résultats de vente de chaque magasin toutes les deux heures et la plupart des processus (commandes, paiements, transactions…) sont totalement dématérialisés. Par ailleurs, nous disposons de nombreux outils de reporting, qui nous permettent de nous livrer à des analyses très pointues, y compris de benchmarking. Par ailleurs, les outils évoluent en termes d’accessibilité à distance.
Et d’une manière générale, votre fonction a-t-elle connu d’autres évolutions ces dernières années ?
Notre champ d’action s’est élargi, notamment dans le domaine juridique et social. Désormais, il faut avoir des connaissances dans les baux commerciaux (ouverture de nouveaux magasins) ou dans les contrats de franchise, car certains magasins ne nous appartiennent pas directement. Sans compter tout ce qui concerne le droit du travail. Nous nous reposons certes sur des experts en interne, mais c’est très utile de posséder des acquis dans tous ces domaines.
Avez-vous évolué dans le choix de vos partenaires ?
En fait, nous avons recours à des cabinets ou des prestataires externes sur des sujets bien précis. Récemment par exemple, nous avons eu à mettre en place le don d’invendus à cause de certains changements législatifs. Afin d’aider certains magasins dans la coordination avec les associations, nous avons eu recours à un prestataire spécialisé. Il en va de même pour d’autres sujets très techniques comme la fiscalité locale ou encore l’échange d’informations. Ainsi les indicateurs qui sont communiqués aux directions sont souvent accompagnés de photos in situ (promo, mise en avant de produits…) qui remontent directement des magasins. C’est un prestataire spécialisé qui nous a mis ce système en place.
A votre avis, quelles vont être les innovations majeures dans les années à venir ?
Il est probable que l’on continue dans la droite ligne d’aujourd’hui : consolidation des compétences et co-pilotage des entreprises. Le DAF ne sera plus uniquement celui qui donne des chiffres, mais une sorte de lanceur d’alertes. Charge à lui d’avertir les responsables lorsqu’il y a un risque de dérapage, lorsqu’un projet n’est pas rentable ou trop peu… Et bien sûr, il devra également être capable de dire très vite sur quelles variables agir pour corriger le tir. Le big data, le cloud et la transformation digitale vont également transformer encore plus notre façon de travailler !
Où vous voyez-vous dans 5 ans ? A la Direction générale ?
A court terme, il me faut déjà consolider mon expérience en Direction Financière.