Care Labs conçoit, déploie et gère des plateformes de paiement et des services dédiés à l’e-santé. Son fondateur, Vincent Daffourd, nous présente cette fintech qui se veut également acteur de l’innovation sociale.
NN : Comment est née l’idée de Care Labs ? VD : Il y a quelques années, j’ai été atteint d’une maladie professionnelle qui a nécessité l’intervention de professionnels de santé dans une démarche de prévention de risques. Ces prestations n’étaient prises en charge ni par le régime obligatoire, ni par ma mutuelle. En voyant les factures s’accumuler, j’ai fini par proposer à un des praticiens de lui troquer des chèques déjeuners contre des prestations de santé. C’est comme ça que l’idée est née et que nous avons commencé, avec l’équipe médicale qui me soignait, à imaginer la création d’un titre prépayé autour des prestations de santé. NN : Comment fonctionne ce Chèque Santé® ? VD : Sur un principe très simple. Ce titre prépayé est destiné à 3 cibles spécifiques, à savoir les employeurs privés comme publics, les collectivités et les complémentaires santé. Vous possédez un porte-monnaie électronique qui va être alimenté par ces différents organismes financeurs. Ils vont octroyer des aides ou des financements sanctuarisés sur des prestations de prévention santé, de bien-être et de « sport santé » à destination d’un public ciblé. Par exemple, une entreprise peut décider de financer des prestations de « sport santé » en prévention des risques psychosociaux ou musculo-squelettiques, pour ses salariés. Elle se rend sur notre plateforme en ligne, hébergée en mode SAS, elle crée son code client, ajoute les salariés concernés par ce dispositif. Elle définit ensuite un financement mensuel par salarié avant de passer commande. Cela génère des identifiants et envoie des messages à chacun des salariés, les invitant à télécharger l’application mobile pour pouvoir ensuite s’en servir et gérer leur compte. NN : Comment avez-vous développé votre réseau de professionnels de santé ? VD : Aujourd’hui nous comptons un peu plus de 25 000 affiliés, donc 17 000 professionnels de santé, 5 000 professionnels du « sport santé » et 3 000 professionnels du bien être. Nous avons mis un peu plus d’un an et demi à construire ce maillage, sachant qu’il a été entièrement développé en interne. Depuis 2016, toutes les entreprises doivent fournir une mutuelle à leurs salariés, ce qui facilite notre démarche commerciale. Car, en passant un accord avec une mutuelle nous pouvons toucher plusieurs milliers d’entreprises, de la TPE de 2 salariés jusqu’aux grands comptes de plus de 5000 employés. Aujourd’hui un peu plus de 500 000 bénéficiaires ont accès à nos solutions. NN : Cette question de la qualité de vie du salarié est devenue centrale pour les employeurs ? VD : C’est un sujet qui prend de l’importance. Nous envisageons l’individu au-delà du salarié et nous nous concentrons sur son bien-être général. Les entreprises aussi prennent conscience qu’un individu en forme est un salarié plus productif. Nous n’avons pas encore mené d’action commerciale sortante, tous les clients que nous avons gagnés se sont manifestés à nous. C’est donc que cette question devient effectivement centrale. De plus en plus, les entreprises ont besoin de flexibilité, d’agilité et c’est également en garantissant un certain nombre de services à ses salariés qu’elles gagneront en engagement de leur part. Investir dans leur qualité de vie, leur bien-être et leur épanouissement peut être rentable en termes d’image, d’attractivité et de ROI. NN : Vous considérerez-vous comme partie intégrante de la mouvance fintech ? VD : Nous nous définissons comme une fintech de l’e-santé. La gestion des flux monétaires et leur dématérialisation sont des éléments centraux de notre modèle. Nous nous sommes servis du progrès technologique pour faire émerger notre innovation sociale. Aujourd’hui, la problématique des professionnels de santé n’est pas forcément de remplir leur cabinet mais de recevoir des patients solvables, sans perdre de temps dans la gestion de l’encaissement et sans que cela leur coûte plus d’argent. Nous avons minimisé les frais de traitement, nous ne leur imposons pas un nouveau terminal d’encaissement, nous équipons simplement leur Smartphone d’une application gratuite. Le téléphone est particulièrement adapté à leurs contraintes professionnelles, encaissement à domicile, en cabinet, au CHU… Il les suit partout et leur permet d’utiliser notre application pour encaisser. Nous agrégeons tous les paiements, ce qui simplifie la gestion de la comptabilité. Il en va de même pour l’entreprise qui n’a pas envie de gérer un dispositif supplémentaire qui nécessiterait un traitement administratif, lourd et coûteux. La technologie nous sert à rendre notre innovation sociale acceptable par l’ensemble des parties prenantes. NN : Quels sont les projets en cours chez Care Labs ? VD : Nous avons une levée de fonds en cours qui va nous servir à recruter pour accompagner le développement de l’entreprise en France et son internationalisation, avec l’Amérique du Nord en point de mire. Au niveau service, nous venons de lancer Carepay, une solution d’encaissement sèche qui répond à la contrainte de généralisation du tiers payant. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr