Yvan Lefranc-Morin est le nouveau directeur général de Flixbus depuis septembre 2016. Il revient pour Nomination sur ses objectifs à la tête du leader français et européen du transport en autocar et sur les possibilités immenses de ce marché récemment libéralisé.
NN : Pouvez-vous nous retracer votre parcours jusqu’à ce poste de directeur général France de Flixbus ? YLM : Diplômé d’un master en finances de Paris Dauphine en 2008, j’ai commencé ma carrière en fusions-acquisitions au sein de la Banque Rothschild, avant de rejoindre la société UBS. Je me suis ensuite lancé dans entrepreneuriat, avec la création d’une plateforme de mise en relation entre des marques et leurs consommateurs. Après cette expérience de deux ans, j’ai repris un poste au sein d’une société Internet, en tant que responsable des acquisitions. J’ai rejoint Flixbus au début de l’année 2015 avec pour mission de développer le réseau de partenaires pour la France, avant d’en prendre la direction générale à l’été 2016. NN : Qu’est-ce qui vous attiré dans le challenge proposé par Flixbus ? YLM : À vrai dire, le secteur du transport en autocars ne m’attirait pas plus que cela. C’est en entrant dans les processus de sélection, en étudiant de plus près le modèle économique de l’entreprise et sa croissance, que mon intérêt est né. La rencontre avec l’équipe de direction a achevé de me convaincre. Quand je suis arrivé, l’entreprise était embryonnaire en France, tout était à faire et c’est aussi cela qui m’a attiré. Une start-up avec tous les défis que cela représente, mais avec tout de même une assise européenne forte et une certaine solidité. NN : Sur quel modèle fonctionne Flixbus ? YLM : Nous travaillons avec des autocaristes indépendants basés localement, qui gèrent l’exploitation des lignes quand nous nous occupons de la planification, du marketing, de la communication et du développement des outils IT. En résumé, nos partenaires se chargent de faire rouler les cars et nous de les remplir. C’est un nouveau modèle, né de la libéralisation du marché à l’été 2015. Nous avons commencé à deux, avec Pierre Gourdain, l’ancien directeur général, dans un appartement, à contacter des autocaristes aux quatre coins de la France qui n’avaient jamais entendu parler de Flixbus. Il a fallu les convaincre de l’intérêt d’adopter ce modèle hybride et d’unir nos forces pour faire face à la libéralisation du secteur. NN : Quels sont vos objectifs en tant que nouveau directeur général de Flixbus ? YLM : Continuer à croître plus vite que le marché et à progresser sur le territoire français. Nous sommes certes en concurrence avec la voiture individuelle et le transport ferroviaire, mais ce n’est pas un jeu à sommes nulles, nous créons de la demande et c’est ce qui est intéressant dans une libéralisation. La clé pour nous est d’être présents là où les gens ont besoin de se déplacer. Nous avons un réseau de 60 lignes mais qui reste très mouvant, nous sommes en permanence en train de tester les lignes pour les optimiser. Nous continuons de rencontrer des autocaristes pour étendre notre réseau, l’adapter, le modeler en fonction de la demande. NN : Quel potentiel a ce marché du transport en autocars ? YLM : Nous sommes sur un marché qui n’existait pas il y a un an et demi et dont le potentiel est énorme. Notre maison mère est en Allemagne où le marché a été libéralisé en 2013. Sur une base de 5 millions de voyageurs la première année, à peu près équivalente à la France, le secteur du transport en autocars compte 25 millions de passagers trois ans plus tard. Il n’y a aucune certitude que le résultat sera le même en France et il nous reste beaucoup de travail pour évangéliser sur ce nouveau mode de transport, mais c’est extrêmement encourageant. NN : Quelles sont vos relations avec le siège en Allemagne, comment fonctionnez-vous ? YLM : Nous sommes très proches, le fonctionnement est centralisé pour toute l’Europe, sachant que nous avons aussi des équipes en Italie, Croatie, Pays-Bas. Le marché est libéralisé depuis 2013 en Allemagne et l’expertise de nos équipes au siège nous sert beaucoup. Ils sont d’ailleurs très confiants sur notre développement en France. Notre pays est un carrefour géographique et nous sommes définitivement l’un des marchés les plus intéressants en Europe. Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr